Ayant rendu mon tablier de secrétaire de section, j’avais pris l’habitude, depuis quelques temps, de davantage écouter que de parler durant les assemblées générales.
Mais aujourd’hui, je souhaite m’adresser aux nouveaux adhérents qui nous ont rejoints, pour lever quelques ambiguïtés sur le choix de notre candidat – ou de notre candidate- aux présidentielles.
La question pertinente que beaucoup se posent, est de comprendre pourquoi la candidature de Ségolène Royal suscite tant de réticences alors que, indéniablement, les sondages qui se succèdent la désignent comme la plus populaire de nos candidats.
Ségolène est une femme -une femme présidente de la République, cela aurait de la gueule !- elle incarne une certaine forme de rénovation du Parti, qui en a cruellement besoin, ce qui est déjà beaucoup ! Alors pourquoi tant de résistance ?
Je souhaite aborder trois points que je crois éclairants : le processus de désignation d’abord, les idées ensuite, les sondages enfin.
1/ La nécessité d’un processus démocratique
Nous avons pris la décision, au Parti socialiste, de laisser les militants trancher les choix fondamentaux. Aussi, nous pensons que la mise en place d’un processus démocratique pour la désignation de notre candidat aux élections présidentielles, non seulement n’est pas négatif, même si la presse adore monter en aiguille les rivalités, mais, au final, est un élément de renforcement du candidat finalement choisi.
J’en donnerai deux exemples :
Nous avons eu à choisir dans le passé entre Henri Emmanuelli et Lionel Jospin. Lionel Jospin disposait sur le papier de peu de soutiens, alors qu’Henri Emmanuelli comptabilisait une longueur d’avance, si l’on en croyait les décomptes. Pourtant, c’est Lionel qui a été désigné par les militants.
Le débat démocratique qui a eu lieu n’a pas nui à sa candidature, bien au contraire. Cette désignation lui a donné une force, celle de la légitimité, et a permis le rassemblement des socialistes derrière sa candidature. Et il fut en tête, au premier tour !
De la même façon, les adhérents parisiens ont dû choisir entre Jack Lang et Bertrand Delanoë. Ce processus a constitué, au final, un formidable tremplin pour le futur Maire de Paris.
Car ce processus démocratique permet à la fois de tester les candidats et la candidate, les idées et les valeurs qu’ils souhaitent porter, l’orientation qu’ils souhaitent donner à leur campagne et, plus encore, les sujets qu’ils veulent mettre en avant devant les Français.
Plus que jamais, face à un redoutable adversaire comme Sarkozy, qui a considérablement renouvelé l’idéologie de la Droite et qui avance bon nombre de propositions fortes, je crois que ce processus est utile.
2 / Des idées et des valeurs au cœur de la campagne
Les idées, donc, sont au cœur de la campagne. Il est donc important que nous décidions, collectivement, de ce que notre candidat devra défendre face à la droite. Or, lorsque l’on aborde les questions de fond, force est de constater que beaucoup d’adhérents ne sont pas convaincus par l’orientation que souhaite donner Ségolène Royal à sa campagne. Il est fondamental qu’il n’y ait pas d’incompréhension en la matière. Avant tout, le candidat incarne des idées et des propositions que nous porterons collectivement.
Evidemment, il n’est pas question d’affirmer que certains ont des idées et d’autres non. Chacun a sa spécificité, le projet représentant un tronc commun entre tous. Mais nous devons pouvoir confronter les orientations, les tonalités et les propositions mises en avant par les uns et les autres, en notre nom à tous.
Par exemple, Laurent Fabius pense qu’il convient de combler le fossé créé, selon lui, avec le peuple de gauche lors du référendum. Je ne partage pas cette orientation, mais je la comprends.
Ségolène Royal, pour sa part, a mis en avant un certain nombre de thématiques pour se singulariser. Certaines me laissent septique.
Il y a eu l’encadrement militaire des mineurs délinquants. Il y a eu aussi quelques faux-pas, le dernier datant de ce week-end sur l’appel à la démission du Premier ministre hongrois. Mais je ne retiendrai que la question de la remise en cause de la carte scolaire et donc, de la sectorisation, en vous faisant part de ma petite expérience d’élu local du 13e.
Au niveau de la Mairie du 13e, nous n’étions responsables, jusqu’il y a peu, que de la sectorisation des écoles. Nous l’avons plutôt renforcée.
Concrètement, nous avons toujours cherché à faire évoluer les périmètres de chaque école, pour aller dans le sens d’une plus grande mixité sociale. En parallèle, année après année, nous avons réduit le nombre de dérogations accordées. Vous comprendrez que, comme les refus de dérogation sont effectués par le Maire, il était toujours plus difficile de dire « non » que de dire « oui ». Nous l’avons pourtant fait, avec le soutien des associations de parents d’élèves et cela a plutôt bien fonctionné puisque, contre toute attente, le 13e est l’arrondissement qui compte le moins de fuites vers le privé.
Soyons honnêtes, au niveau des collèges, la situation est plus difficile. Évidemment, il y a des stratégies d’évitement de certaines familles. Évidemment, un peu plus de 10 % arrivent à leurs fins, par le choix d’options rares ou de fausses domiciliations. Évidemment, ce sont souvent les familles d’enseignants et les familles les plus aisées qui parviennent à leurs fins.
Pour autant, je ne peux pas accepter le raisonnement qui consiste à dire : le système engendre des inégalités et il n’est pas populaire, alors remettons-le en cause, sans dire par quoi on va le remplacer.
Avec ce type de raisonnement, on supprimerait l’impôt sur le revenu, impopulaire aussi : les gens les plus riches arrivent à en partie y échapper ; il ne corrige donc pas complètement les inégalités ; il n’est pas populaire...Alors remettons-le en cause !
Plus encore, parler d’assouplissement de la carte scolaire, sans plus de précision, alors qu’au même moment, Sarkozy propose, lui, sa suppression pure et simple, est fort maladroit.
Le choix du terrain, des thématiques, est fondamental.
3/ Le poids réel des sondages
Les sondages enfin. On dit qu’ils se sont souvent trompés. Ce n’est pas tout à fait vrai. 6 mois avant les présidentielles, ils se sont TOUJOURS trompés ! Les sondages sont une photo de l’opinion, plus ou moins floue, compte tenu de la marge d’erreur, prise à un moment donné. En ce sens ils sont assez fiables et ils ne prédisent rien !
Malgré mon âge, je milite au PS depuis maintenant 23 ans. Cela me permet de voir les choses avec un peu plus de recul. Il y a eu les sondages entre M Rocard et F Mitterrand où Mitterrand était présenté, avant 1981, comme le candidat perdant.
Il y a eu R Barre, qui était à l’époque qualifié de « meilleur économiste de France » et allait, à coup sûr, mettre fin à la « parenthèse socialiste », pour reprendre les termes de la presse Hersant de l’époque. On connaît aujourd’hui le score qu’il a fait, au final, qui n’avait rien çà voir avec les prévisions des sondages quelques temps avant.
Il y a eu ensuite Balladur, l’homme « impossible à battre », celui dont la candidature était soutenue par TF1 et Le Monde, et qui, au final, n’a pas passé le premier tour.
Et plus cruel pour nous, il y a eu Jospin.
Jospin qui n’était pas donné favori en 1995 et il est sorti en tête du premier tour. Mais aussi, Jospin était donné gagnant en 2002 et il n’a pas pu accéder au second tour.
Tout cela pour dire que l’on ne fait pas une élection sur une cote de popularité.
Les sondages, en revanche, nous donnent des indications intéressantes. J’en vois deux.
La première est celle donnée par les projections de second tour. Le candidat de la Gauche quel qu’il soit est le plus souvent donné battu face à Sarkozy et le PS, quel que soit son candidat, est largement distancé au 1er tour. Sarkozy est pourtant le candidat de l’UMP, parti que nous avons battu, et de belle façon, lors des élections régionales, parti qui a traversé la crise du CPE et l’affaire Clearstram ! En clair, nous avons bien un problème de crédibilité devant l’opinion.
Deuxième enseignement, s’expriment au travers de ces sondages une très forte envie de renouvellement et de rénovation, renouvellement des hommes – et des femmes – et rénovation des idées.
Deux candidats incarnent le renouvellement et la rénovation : Ségolène Royal, davantage sur le plan du renouvellement « des têtes », et Dominique Strauss Kahn, davantage sur la rénovation des idées. J’avoue dire cela avec un léger a priori car, vous l’avez compris, DSK est le candidat que je soutiens.
Si les adhérents du PS décidaient de mettre ces deux candidats en avant, et je crois cette hypothèse réaliste, nous répondrions à cette première attente des Français.
Pour conclure, je me permettrais trois conseils:
1- Ne vous laissez pas voler le débat. Vous êtes venus notamment pour choisir le meilleur ou la meilleure d’entre nous. Les appels au rassemblement masqueront sans doute des manœuvres d’appareil.
2- Ne croyez jamais que les sondages font l’élection.
Il s’agit avant tout de choisir en conscience celui ou celle qui pourra battre Sarkozy,
qui saura gouverner la France.
3- Pour y arriver:
pour répondre aux attentes de la Gauche, il faudra définir les grands enjeux capitaux que chacun pressent :
l’enjeu énergétique,
le financement des retraites et de la santé,
la nécessité de trouver de nouvelles manières de corriger les inégalités,
et pour chacune de ces thématiques, faire des propositions solides.
Je vous demande simplement de faire l’effort de prendre tout cela en compte avant de faire votre choix, et de ne vous le laisser dicter par rien d’autre que par votre conscience.
Etre une femme ça n'a rien d'extraordinaire, moi-même qui vous parle je peux en témoigner... 32 ans d'expérience du double X! et y a même des gens qui le font depuis plus longtemps.
Le renouveau que SR représenterait? ENA, aucun boulot en dehors des arcanes de la politique, cumularde, ayant pour elle le n°1, le n°2, le n°3 et le porte parole du PS (qui est jeune depuis 51 ans) ça rappelle quand même les plus belles heures de la bande à Gaston.
Son équipe? attention, roulez jeunesse: Mauroy, Frêche, Fiterman (la voilà la bande à gastounet)... encore un effort et on peut ressusciter Lecanuet.
Je ne te rejoins pas sur l'argument de la carte scolaire, pas que je ne sois pas d'accord avec toi (poudre aux yeux... comment organise-t'on le ramassage scolaire en milieu rural... sélection dans les établissements "d'élite", voie de garage pour les autres...), simplement, 1) Robien va légiférer sur l'assoupissement 2) ça n'entre pas dans les fonctions du chef de l'Etat.
Qui des fonctions présidentielles?
- grandes orientations économiques et sociales? (on marche tellement sur la tête qu'un sondage des Echos lui donne foi sur ces sujets alors qu'elle ne 'est jamais exprimée dessus)
- relance européenne, au delà de dire le TCE est mort? ... quoi?
- commerce extérieur?
- représentation de l'Etat au g8?
- à l'ONU?
Je n'ai entendu SR n'avoir de conception de la République que dans une dimension nationale (en nous ressortant une phrase du pauvre jaurès qui avait l'idée de Nation en projection d'un siècle puisqu'entretemps la France a vécu deux guerres mondiales, les décolonisations, les blocs, la globalisation, l'afflux massif de populations immigrantes, l'Union Européenne), voire régionaliste (régionalisation de l'immigration: accord entre le préfet de région et le pays d'origine pour fixer les quotas d'immigrés... à l'heure de Schoengen et de la libre circulation des biens et des personnes sur l'espace sus-nommé c'est hallucinant!).
C'est à peu près le seul axe idéologique que j'ai pu dégager de sa conception de la fonction présidentielle.
Rédigé par : Mathilde | 10 octobre 2006 à 16:53
Je suis assez d'accord avec Mathilde. Le renouvellement de la Gauche, c'est la condition pour que la refondation du Parti, nécessaire après 2002. Mais elle se fera sur les terrain des idées et sur le fond.
ce qui me fait peur chez SR, c'est l'impression qu'elle lance des items pour faire parler, pour (dé)montrer qu'elle pense quelque chose sur l'orientation politique à donner à notre parti mais on ne sent aucune cohérence, aucun projet de société qui sous tendrait tout cela. On ne sent qu'une volonté d'être réactive vis à vis de l'opinion (pas l'opinion réelle mais celle que traduirait les sondages).
La vraie rénovation, c'est DSK qui la porte dans l'identité résolument sociale démocrate et réformiste radicale qu'il défend. Je crois que la modernité et la rénovation est là.
Quand au fait d'être une femme, ça ne construit pas un dicours progressiste, surtout si l'on en croit ses positions sur la famille, l'éducation, les "valeurs" comme elle dit. Je suis femme, mère de famille et de Gauche et mes valeurs, que je crois progressistes, féministes, solides ne sont pas les siennes !
Rédigé par : loulette | 10 octobre 2006 à 17:26
Moi, je trouve dangereux le discours de victimisation qu'elle porte : on l'attaquerait parce que c'est une femme. Mais ça fait longtemps que les femmes ne se définissent plus comme le "sexe faible" !
La politique, c'est le débat et donc, la confrontation des idées. Il faut s'y faire d'autant plus que c'est assez sain. Ce qui l'est moins, c'est d'affirmer que le débat n'est pas nécessaire au risque d'affaiblir les débateurs ! Que faudrait il faire alors ? faire le choix d'un candidat sans qu'il y ait de débat ? Se ranger derrière les sondages et la prétendue opinion ? ce n'est pas ma conception de la démocratie. celle-ci, je la trouve révolutionnaire, elle n'set pas dans la tradition de la Gauche, c'est sûr, mais je la trouve aussi dangereuse.
La politique, c'est avancer un projet de société et le défendre, pour convaincre. Ce n'est pas se faire élire à tout pris, a fortiori sur une image prétenduement rénouvellée.
Rédigé par : Astrid | 10 octobre 2006 à 17:33
La donne est claire, aussi claire que de l'eau de roche : soit c'est Ségolène pour affronter le petit Nicolas, soit nous allons revivre un nouveau avril 2002.
Mais cette fois nous ne pourrons plus jouer les ( fausses ) vierges effarouchées n'est ce pas ?
Assumer, savoir assumer ...
Manifestement il y a un gouffre entre les " politiques " et l'électorat ( et non leur militants acquis à leur cause ) .
Ségo et Sarko l'ont parfaitement bien compris, les autres " vieux " manifestement pas encore.
Pas grave, ils comprendront en avril 2007 probablement.
Rédigé par : Le Sanglier | 10 octobre 2006 à 23:24
Au sanglier :
On ne vend pas une marque de lessive ! On milite pour des idées et un projet.
Attention aux sondages : ils ne prédisent rien : SR a perdu 20 points depuis cet été alors que d'autres, DSK par exemple, en a gagné 12 !
Je crois que l'on ne peut pas tout sacrifier sur l'autel de la victoire, surtou pas son âme. Faire gagner quelqu'un qui, pour, moi ne défend pas les valeurs de Gauche et ne propose rien qui puisse faire sortir le pays du marasme, a quoi bon ?
Le PS a besoin d'un vrai renouvellement pas un toilettage de son emballage. c'est sur les idées qu'il faut se battre. Et si on doit perdre parceque les électeurs préfèreront la ligne de Sarkozy, est-ce pour autant qu'il faudra devenir démago et populistes et chasser sur les terres du FN ?
Je ne le crois pas. On en fait pas de la politique pour dire aux gens ce qu'ils ont envie d'entendre. On propose, on convainc et on agit !
Et puis faites attention : la droite a choisi SR comme adversaire. Ca devrait vous faire réfléchir sur ses chances réelles (dans toutes les projections, elle est battue). Baroin, la décrit dans l'Express comme la candidate la plus facile à gérer !
Moi, je pense que si c'est elle, non seulement on perdra car elle ne fera pas le poids, mais, en plus, on met en danger, sur le long terme, la gauche et le PS.
Il n'y a qu'à écouter les sympathisants du PS, les anciens militants, les associatifs etc...qui se lamentent du vide sidéral des propositions de sr. ce n'est pas comme ça que l'on redonnera à la politique ses lettres de noblesse.
Ah j'oubliais : le coup de il y a les jeunes branchés avec Ségo et les vieux ringards avec les autres ....il faut oublier ! La plupart des jeunes militants sont trop exigeants sur le fond pour soutenir SR ! Si je regarde autour de nous, beaucoup de jeunes, d'engagés dans la société civile, de gens qui réfléchissent, s'intéressent, des réseaux traditionnels de gauche soutiendraient DSK.
Rédigé par : loulette | 11 octobre 2006 à 11:03
Je suis consternée par tes propos le sanglier.
Je ne crois pas à la posture démago de SR qui explique que, elle, est proche des gens !
Tu te réfères aux sondages : va sur le terrain, notamment en Poitou Charente, et tu verras bien si elle est si populaire que ça !
Et puis ce n'est pas en suivant à la lettre les indications des sondages, en se positionnant en fonction de la sofres, BVA ou autres que l'on est proche des gens et de leurs préoccupations !
Enfin, tu parles du 21 avril : c'est justement en prenant des positions, au coup par coup, en fonction des sondages, sans cohérence, sans projet, de manière autiste, que Jospin nous a conduit dans le mur ! Et que fait SR : exactement la même chose !
L'intérêt général, ce n'est pas la somme des intérêts particuliers ! Faire de la politique, ce n'est pas répondre aux uns et aux autres...le lundi aux ouvriers, le mardi aux patrons, le mercredi aux mères de famille et le jeudi aux enseignants.
Contrairement à elle, Sarkozy a renouvelé en profondeur l'idéologie de droite. Il sait où il va ! Il porte un vrai projet de société et il l'assume.
cette campagne sera très politique : deux conceptions de la société et de la politique vont s'affronter. Si c'est SR qui y a va, elle ne fera pas le poids.
Et s'il vous plait, ne me dites pas que je la croit incapable parce que c'est une femme ! Je la crois incapable de battre la droite lorsque je regarde son site Internet, ses propositions, ses déclarations, son équipe ( que des "éléphants" pour quelqu'un qui veut rénover la politique et qui attache si peu d'intérêt au parit socialiste et à ses militants !)...
Tout sonne faux. Si c'est elle, on va dans le mur ! et on entraîne le PS avec nous pour de longues années...
Rédigé par : cachou | 11 octobre 2006 à 11:15