Bien entendu, la plupart des Français ne détiennent pas de portefeuilles d’actions cotées en bourse et nous pourrions tous avoir le sentiment que la fluctuation des cours ne nous concerne pas.
Ne nous y trompons pas néanmoins. La chute brutale des valeurs à laquelle nous avons assisté lors de cette première quinzaine du mois d’août est une véritable mauvaise nouvelle pour tout le monde. Plusieurs milliers de milliards de dollars sont partis en fumée en quelques jours et l'addition à payer ne sera pas présentée qu'aux détenteurs de patrimoine et aux banques.
Et d'ailleurs, commençons par ces dernières. Chacun peut comprendre que ce plongeon se traduira rapidement par un renchérissement du coût du crédit. Une banque, qui a vu ses fonds propres diminuer, va devoir se recapitaliser et répercutera ce surcoût sur ses « clients », ses crédits qu'ils soient délivrés aux entreprises ou aux particuliers. Cela s'ajoutera aux « primes de risque » plus onéreuses, car les mouvements erratiques des bourses - qui sont simplement des prêts aux entreprises - vont augmenter les réticences des investisseurs. Cela va contribuer à ralentir la croissance et à saper une convalescence déjà fragile de l'économie mondiale.
Cela va limiter aussi la consommation et donc accentuer ce mouvement. Au passage, félicitons-nous que les Français soient moins exposés que d’autres aux aléas boursiers. Nos retraites, par exemple, ne dépendent pas de fonds de placement, mais ce n'est pas le cas partout. Ainsi, le plan d'épargne retraite le plus courant aux États-Unis a perdu en une semaine environ 12.000 dollars par pensionnaire (cf. Le Monde du 10 août). Inutile d'épiloguer sur le fait que les Américains seront plus frileux pour consommer...
Enfin, en ce qui concerne notre pays, nous sommes confrontés à une situation inédite et pour le moins préoccupante.
Le déficit de la France a explosé ces dernières années. Rappelons, pour mémoire, que le projet de loi de finances présenté par le gouvernement à la fin de l’année dernière au titre de 2011, c'est-à-dire ce que l’on appelle communément le budget de l’Etat, tablait sur un déficit de 92 milliards d’euros ! En 2011, nous consacrerons donc 46 milliards pour le seul paiement des intérêts de la dette... qui continue elle-même à progresser inéluctablement. Ainsi, avant même de commencer l’année et de payer ces intérêts, le gouvernement prévoyait un accroissement de la dette d’environ 50 milliards d'euros. Un rythme annuel insupportable ! Depuis 2002, dernière année du ministère Jospin, la dette publique s’est accrue au total de près de 700 milliards...
Dans ces circonstances, toute dégradation de la note attribuée à la France par les agences de notation, le fameux « triple A » cité quotidiennement dans les médias, aurait immédiatement pour conséquence d’augmenter le montant des intérêts que nous devrons verser pour pouvoir continuer à emprunter sur les marchés internationaux et donc par la-même le poids de la dette.
Cette spirale, la Grèce la connaît déjà. L'Espagne, le Portugal et maintenant l'Italie sont menacés. Et la France n’en est plus très éloignée. Or, c’est précisément ce moment que Nicolas Sarkozy a choisi pour diminuer l’impôt sur la fortune, l’ISF, et ce principalement au profit des plus riches…
Ces questions, la France ne pourra pas les esquiver. Le gouvernement actuel devra prendre ses responsabilités, mais aussi les différents candidats socialistes à la primaire. Et les rodomontades de M. Mélenchon n'y changeront rien.
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