Développement durable, développement soutenable… Vous avez sans doute entendu parlé de ces notions.
Certains prônent également la décroissance.
Je suis beaucoup plus sensible aux réflexions de Joseph Stiglitz qui, à mon sens, vise juste.
Ceux qui me connaissent savent que j’ai aucune sympathie pour notre Président de la République, mais je veux ici saluer la commande sur « la mesure de la performance économique et du progrès social » auquel M. Stiglitz a travaillé avec Arartya Sen, autre prix Nobel et Jean-Paul Fitoussi, l’un de nos meilleurs économistes français.
En effet, Joseph Stiglitz n’est pas n’importe qui. Prix Nobel d’économie en 2001, ex-conseiller de Clinton, figure de la gauche américaine, « l’homme le plus incompris d’Amérique » dixit Newsweek (ce n’est pas forcément une critique…), il est l’un des trop rares économistes de la gauche réformiste susceptible d’influer sur notre vision du monde.
Et, une nouvelle fois, il parle simple et fort, il parle juste.
Son raisonnement pourfend le « fétichisme du PIB », « mauvais indicateur du bien-être ».
Le PIB mesure la seule production et non pas le bonheur des peuples.
Joseph Stiglitz donne souvent l’exemple suivant : « les Etats-Unis dépensent 15% de leur PIB pour la santé, record mondial, mais 45 millions d’Américains n’ont aucune couverture sociale ». Il pourrait ajouter d’ailleurs les mauvais indicateurs en matière de santé des Etats-Unis. Fort PIB, pour une faible valeur sociale, la dépense n’induit pas le bien-être…
A partir de là, la difficulté est bien entendu de créer de nouveaux indicateurs reflétant et intégrant le bien-être social. Et Joseph Stiglitz a élaboré des propositions pour que soient intégrés des indicateurs reflétant des mesures de bien-être (santé, éducation, logement, sécurité, environnement, emploi, etc.) et s’appuyant aussi sur une série d’indicateurs environnementaux. Ils proposent aussi (et ce sera bien entendu plus difficile) de prendre en compte dans les statistiques des questions de satisfaction.
Tout cela est passionnant et ouvre aux politiques des perspectives extrêmement intéressantes.
Le deuxième défi sera bien entendu de faire accepter ces évolutions aux autres grands pays de la planète. Car les statistiques sont réellement intéressantes quand elles deviennent un outil de comparaison. Elles doivent donc être partagées.
Bref, je vous renvoie vers ses ouvrages ou plus simplement à l’interview qu’il a accordé ce mardi 15 septembre à Libération, journal qui d’ailleurs a relayé depuis longtemps les travaux de Stiglitz dans ses colonnes. Il y parle aussi de lutte contre les paradis fiscaux, de la nécessité d’une gouvernance économique mondiale. Courrez l’acheter !
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