Je n’ai jamais été un révolutionnaire. Je ne suis pas favorable à l’égalitarisme. Je veux même croire que les hauts postes de responsabilité doivent être correctement rémunérés. Et pourtant, je me suis étranglé de rage en apprenant les conditions financières du départ de l’ancien coprésident d’EADS, Noël Forgeard.
L’addition n’est pas simplement salée, elle atteint l’exubérant et le scandaleux. Refaisons les calculs ensemble : 6 mois de préavis pour 1 223 317 euros (salaire brut et bonus), indemnités de départ de 4 893 268 euros, soit deux ans de salaire brut annuel. On dépasse déjà les 6 millions d’euros ! Continuons, parce que ce n’est pas tout. Indemnité supplémentaire liée à une clause de non-concurrence de deux ans : 2,44 millions d’euros. Sans oublier sa plus-value sur l’exercice de ses stock-options réalisées en mars 2006 : 2,5 millions d’euros qui n’avaient pas manqué déjà de faire polémique puisque cette opération avait été effectuée quelques semaines avant que le titre EADS ne dévisse.
Plus de 11 millions d’euros touchés par un co-PDG qui fut infoutu de surveiller correctement le programme phare de son entreprise, l’A380. 8,5 millions d’indemnités de départ pour le remercier, dans les deux sens du terme, de son incompétence. À l’autre bout de l’échelle, les salariés trinquent puisque le nouveau PDG Louis Gallois a lancé un vaste plan social, prévoyant 10 000 suppressions d’emplois.
Cela prend encore plus de saveur cette semaine puisque le Canard Enchainé révèle que ce super bonus a été attribué à la suite d’une intervention directe du Gouvernement.
Rémunérations scandaleuses des grands patrons
Les autres dérives se succèdent
Serge Tchuruk s’est vu lui aussi, remercié par un tas d’or pour avoir décroché la palme de l’incompétence. Le Monde rappelait opportunément que « depuis son arrivée, en 1994, le groupe [Alcatel] a u son chiffre d’affaire réduit de moitié, ses effectifs fondre d’autant et sa valorisation boursière perdre le tiers de sa valeur. »
Il ne s’est pas arrêté là puisque la fusion de sa société Alcatel avec l’américain Lucent vient de se solder par 12 500 suppressions d’emplois dans le monde dont 1 468 en France.
Tout cela n’a pas empêché M. Tchuruk de rester à la présidence non-exécutive du groupe, de toucher à ce titre 1,4 million d’euros de rémunération fixe, 1,1 million de rémunération variable, tout en bénéficiant d’une indemnité de départ de 5,7 millions d’euros.
Jean-François Roverato, président d’Eiffage, vient aussi de se distinguer. Son entreprise fait l’actualité car un groupe espagnol a envie de la grignoter. Quant à son PDG actuel, il s’est fait attribuer 126 000 actions gratuites, ce qui correspond à la coquette somme de 23 millions d’euros, en sus de sa rémunération d’1,8 million d’euros touchés en 2006.
Il convient aussi de rappeler la belle performance de l’ex-PDG de Vinci, Antoine Zacharias qui avait perçu 13 millions d’euros pour n’être plus que président non exécutifs, 13 millions de bonus de faux départ, voilà une drôle de compétition ! Ce dernier est d’ailleurs un des plus grands soutiens de M. Sarkozy…
Cela n’empêche pas tous ces beaux messieurs de nous expliquer qu’il convient d’assouplir le droit du travail en France.Le dernier s’était d’ailleurs fait remarquer par ses déclarations réactionnaires et ses propos violents contre Ségolène Royal. Il n’est que temps de mettre fin à ces dérives scandaleuses.
La conclusion de ces histoires, je la laisse à Akhénaton, chanteur du groupe IAM : « Aujourd’hui, en France, c’est « Liberté-Egalité-Fraternité » si t’as du blé. »
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