Si un homme politique garde un œil rivé sur les sondages, c’est bien Nicolas Sarkozy. Toujours prêt à un coup médiatique pour faire face à un trou d’air, jamais gêné de se contredire en donnant régulièrement des coups de barre à droite, voire à l’extrême droite, ou à gauche, selon les déficits de popularité constatés.
Pourtant, ce n’est finalement pas très intéressant de scruter l’évolution de sa popularité.
Et d’ailleurs, si cette question était vraiment primordiale, Michel Rocard et Edouard Balladur auraient été élus présidents de la République, ou mieux encore des personnalités comme Simone Veil ou Bernard Kouchner auraient joué un rôle politique de premier plan. Qu’on le regrette ou non, ce ne fut pas le cas.
En revanche, s’il convient de toujours regarder les sondages avec le recul suffisant, le « Figaro Magazine » en a publié un très instructif, réalisé par la Sofres, uniquement consacré à M. Sarkozy.
Intéressant, car il détaille les sujets : pas moins de 34 thèmes ont été présentés à un « panel représentatif des Français », comme disent les maîtres es-sondage, en leur demandant s’ils faisaient confiance à M. Sarkozy pour régler ces questions.
Et que constate-t-on ?
D’abord que M. Sarkozy n’obtient une majorité positive que sur onze thématiques. C’est peu !
Une majorité écrasante (83 %) lui fait plutôt confiance pour faire preuve d’autorité. Je suis même certain qu’une majorité penserait qu’il peut faire preuve d’autoritarisme…
Une autre majorité est étonnante : 55 % lui font confiance pour « résorber les violences dans les banlieues ». C’est tout de même lui, et quasiment lui seul, qui a déclanché des émeutes dans les banlieues comme on n’en avait jamais vu !
Le reste est plus banal. Une majorité de Français lui font confiance… pour « réduire le nombre de fonctionnaires » ou « développer de bonnes relations avec les Etats-Unis » (cette question était taillée pour lui !), ou sur des questions comme la lutte contre la délinquance ou l’immigration clandestine (sur ces deux quesitons, la majorité est déjà beaucoup plus étroite).
Mais suit ensuite une liste impressionnante de questions où les Français ne lui font pas confiance :
- Dire la vérité (sic) : 44 % plutôt confiance, 48 % plutôt pas ;
- Mettre fin au gaspillage de l’Etat : 44 contre 46
- Redonner confiance aux Français : 44 contre 47
- Faire face à une crise internationale : 43 contre 45
- Relancer l’Europe : 41 contre 43
- Lutter contre les injustices et les inégalités : 41 contre 51 (l’écart se creuse)
- Moraliser la vie politique : 40 contre 47 (il faut cependant être très naïf pour faire confiance à un baron du RPR sur cette question)
- Préserver le système de santé : 40 contre 46
- Réduire la dette de la France : 40 contre 47 (il faut dire que l’endettement a considérablement augmenté alors qu’il était Ministre des Finances)
- Faire preuve d’humanité : 40 contre 50 (et c’était avant les expulsions d’enfants scolarisés en France)
- Préserver l’unité des Français : 40 contre 50 (en tout cas pas l’unité du Gouvernement)
- Pratiquer la concertation : 39 contre 49
- Être aussi sévère avec les puissants qu’avec les faibles : 39 contre 50 (« ses » réductions d’impôts ont uniquement profité aux puissants...)
- Promouvoir les femmes : 39 contre 45 (on l’a vu à l’œuvre !)
- Lutter efficacement contre le chômage : 37 contre 52 (on l’a aussi vu à l’œuvre !)
- Améliorer l’Education nationale : 37 contre 51
- Améliorer l’environnement : 35 contre 50 (il sait surtout améliorer le sien)
- Améliorer le fonctionnement des 35 heures : 34 contre 52 (il veut les supprimer !)
- Comprendre la vie des gens comme vous : 34 contre 58 (quand on le voit se déplacer avec une escouade digne d’un président de la République, on comprend tout)
- Lutter contre les délocalisations : 30 contre 55
- Préserver le montant des retraites : 29 contre 56
- Réformer le code du travail dans le sens que vous le souhaitez : 29 contre 56 (les Français sont lucides, le rêve de Sarkozy est de le supprimer)
- Augmenter le pouvoir d’achat des Français : 28 contre 60
- Réduire les impôts : 24 contre 65 (il faut dire que seuls les plus riches en ont vu la couleur).
Comme quoi, même quand on a toujours voté à gauche, la lecture du « Figaro Magazine » peut parfois être réconfortante. Mais, je vous rassure, l’article qui lui était consacré était tout de même dithyrambique. Et le seul chiffre mis en exergue était le 83 % de Français qui lui font confiance pour faire preuve d’autorité. Dans le « Figaro Magazine », il convient de lire les résultats bruts « non corrigés des variations saisonnières » !
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