Comment tuer l'énergie solaire ? Tel semble être le mot d'ordre du Gouvernement.
"Usine à gaz administrative ", "on ne peut pas mener une politique en godillant tous les trois mois", "on continue la politique de gribouille", les commentaires pleuvent, mêlant révolte et tristesse des professionnels de ce secteur (cf. Le Monde du 16 juillet 2011).
Au moment où une majorité de Français souhaitent que l'on n'en reste pas au "tout-nucléaire", l'objectif affiché par le Gouvernement est de limiter les installations photovoltaÏques ! Sidérant.
Le drame s'est noué en deux actes. Premier acte, la France s'était engagée dans une politique volontariste à l'allemande. La méthode était simple et avait montré son efficacité de l'autre coté du Rhin : soutenir le développement de l'énergie solaire, non rentable ou pas assez "compétitive", en la faisant racheter à un prix supérieur à celui des autres sources de production. Le surcoût est alors payé par l'ensemble des consommateurs d'électricité.
Mais voilà, cela a trop bien marché ! De nombreuses collectivités territoriales se sont notamment lancées dans l'aventure afin de couvrir notamment les toitures des collèges, lycées et équipements sportifs. J'ai moi-même suivi avec un grand intérêt ces dispositifs : Si les projets du Sud de la France étaient recherchés en priorité par les professionnels, en raison d'un meilleur ensoleillement, j'ai essayé de promouvoir un tel développement à Paris et j'avais travaillé le sujet, rencontré quelques grands acteurs du secteur...
Et patatras, Borloo parti du Gouvernement et les promesses Grenelle de l'Environnement oubliées, Francois Fillon a sabordé tout le dispositif. En janvier 2010, est annoncée une baisse du tarif de rachat, suivie en septembre d'une nouvelle diminution des tarifs, le tout avec des effets rétroactifs ! Et en décembre, le Gouvernement a carrément décrété la suspension de toutes les autorisations pour les grandes installations (celles dépassant 3 KW). Tous les grands projets sont stoppés net. Une firme américaine qui avait conclu des accords soutenus par le Gouvernement pour construire une méga-usine de production de panneaux solaires a abandonné son projet et demandé des dédommagements. Les 10000 créations d'emplois promises par la filière s'évanouirent. Fin du 1er acte.
Après ce premier sabordage, la France est devenue le seul pays où le nombre d'emplois dans le secteur du solaire a diminué ces dernières années ! Et nombre d'entreprises ont mis la clé sous la porte.
Je peux également témoigner de plusieurs projets avortés dans le 13e. En effet, dans le premier éco-quartier parisien, place de Rungis, nous avons appris, testé les modèles et imposé là et ailleurs des constructions économes en énergie dont les installations solaires étaient souvent des appoints importants. Mais les tarifs revus à la baisse, les installations solaires deviennent trop coûteuses et sont souvent abandonnées.
Et voilà le drame de Fukushima. Le Gouvernement s'engage à relancer le processus. L'espoir fut de courte durée. Le nouveau dispositif attendu avec impatience depuis décembre 2010 est maintenant connu. Et cela ressemble bien à une deuxième attaque frontale. Le mot d'ordre est simple et clair : brider les installations nouvelles afin qu'elle ne dépassent pas les 500 MW cumulés par an d'ici à 2020. Et la méthode est connue : monter une usine à gaz administrative. Les orfèvres des ministères s'en sont donnés à coeur joie avec au moins trois paliers de puissance, onze tarifs de rachat, d'ailleurs révisables, et deux appels d'offres dont un se décompose en sept catégorie ! Le tout est pimenté de petites curiosités, notamment le fait "d'oublier" et donc de fait d'interdire l'installation dans les parkings des grandes surfaces où les panneaux ne consommeraient pourtant pas de surfaces prises à l'agriculture. Fin du deuxième acte.
La France n'est pas prête à rattraper l'Allemagne ! Pour se dédouaner, le Gouvernement affirme qu'il veut privilégier l'énergie éolienne, dont les atteintes sur le paysage sont pourtant beaucoup plus importantes. Mais l'hégémonie de l'énergie nucléaire n'est pas prête à être remise en cause en France. Même en admettant que tous ces projets éoliens soient menés à bien, cela représenterait 3,5 % de la consommation francaise d'électricité... en 2020 !
Décidément, pas besoin d'être militant écologiste pour dénoncer ce gâchis. Conclusion, pour développer les énergies renouvelables, il faudra penser... à changer de Gouvernement !
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