Voir défiler à la télévision quelques figures bien connues des Gouvernements Raffarin et Villepin, qui se sont distingués en mettant en œuvre des lois réactionnaires, n’a rien pour réjouir l’homme de gauche que je suis.
Pourtant, mon malaise vient d’ailleurs.
Je veux évidemment parler des quelques débauchages mis en avant sans retenue par les médias.
Acheter quelques personnalités est une méthode connue, rarement efficace sur le long terme, mais souvent lucrative à court terme. Pour une personnalité aussi controversée que Nicolas Sarkozy, le prix à payer pour tenter d’endormir l’électorat de Gauche est bien faible.
A y regarder de plus près, il y a pourtant de quoi être inquiet.
Prenons les trois protagonistes un à un.
Le premier Éric Besson, est le traître par essence.
Il avait, au début de la campagne produit un opuscule contre Nicolas Sarkozy. L’outrance dont il avait fait preuve avait heurté des intellectuels et même certains de ses camarades socialistes.
Las, son ego surdimensionné n’ayant pas de mesure, nous connaissons tous la suite : en quelques semaines, il a changé de camp, commis un ouvrage déplacé sur Ségolène Royal et s’est fait inviter par Nicolas Sarkozy en Corse pour préparer le débat présidentiel.
Sa traîtrise est récompensée par un Secrétariat d’État dont personne ne comprend les contours exacts. Mais, au-delà de la honte que cela peut susciter, la véritable question est ailleurs : n’est-il pas inconvenant de faire Ministre celui qui s’est comporté de la sorte ?
Monsieur Jouyet est le deuxième protagoniste. Le cas semble plus commun.
Après tout, ce n’est pas le premier haut fonctionnaire qui sacrifie ses convictions à la progression de sa carrière. Jamais encarté dans un parti, héraut du centre gauche, la proie était à portée de main, comme beaucoup d’autres.
Plus incompréhensible est la perversité du choix. Monsieur Sarkozy a désigné un ami intime du couple Hollande/Royal. La volonté n’était pas d’ouvrir mais bien d’humilier. .
J’ai gardé pour la fin Bernard Kouchner. Sans doute parce qu’à la différence des deux autres, je respecte l’homme.
Ses positions m’ont souvent laissé sceptique, quelques fois heurté, mais parfois enthousiasmé. Celui-là me fait vraiment de la peine.
Je constate qu’il désole plus encore ses proches. Mais là aussi, je préfère regarder le contexte.
Bernard Kouchner fut donné comme probable ministre de Ségolène Royal. Puis ensuite comme premier ministre de François Bayrou si sa percée lui ouvrait les portes de la présidence.
Il pensait en effet que des passerelles pouvaient être lancées entre le Centre et une Gauche modérée. Il voulait en effet qu’une nouvelle coalition se forme pour faire obstacle aux dérives de l’UMP.
Sa décision de rentrer au Gouvernement est donc incompréhensible. Pour autant, la faiblesse individuelle de M. Kouchner face à la tentation d’un grand ministère n’a finalement que peu d’intérêt à être analysée.
En revanche, je ne comprends pas la volonté d’un Nicolas SARKOZY de le nommer à un poste aussi sensible que celui du Ministère des Affaires Etrangères.
Notre nouveau Président a-t-il lui-même des convictions à ce point à géométrie variable sur la politique de la France.
Cette prise de guerre fait évidemment mal à la gauche pour aborder les législatives. Cependant, je pense que cet acte est inquiétant pour la démocratie.
Durant cette campagne, de nombreux Français ont retrouvé le goût de la politique. Leur montrer que l’on peut faire aussi peu de cas de ses convictions risque de les détourner à nouveau. Bernard Kouchner emporte une responsabilité importante et Nicolas Sarkozy plus encore.
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