En 1968, j'avais un an. Et, comme beaucoup, je ne connais "les événements" qu'à l'aune des livres ou des images d'archive que j'ai pu voir à la télé.
J'ai donc beaucoup de mal à comprendre que M. Sarkozy fonde la dernière ligne droite de sa campagne sur la rupture avec 68.
J'avoue aussi avoir de plus en plus de difficultés à lire sa ligne politique : Oui à Jeanne d'arc, non à Mai 68 (jusque là je n'approuve pas mais je comprends), mais oui à Jules Ferry, à Léon Blum et à Jean Jaurès (et là, j'ai
du mal à digérer, sachant que la droite conservatrice a eu la peau de ces deux
derniers).
Pourtant M. Sarkozy a déclaré la main sur le cœur : "Je veux dire à tous les Français que nous sommes les héritiers d'une seule et même histoire dont nous avons toutes les raisons d'être fiers."
Pourquoi donc vilipender "mai 68", à l'origine, d'après sa réécriture très personnelle de l'Histoire, de tous les maux qui rongent notre société.
Plus déplacé encore, ce mouvement pourtant anti-capitaliste serait même à l'origine des dérives de l'argent roi ! A ce compte, la montée de Le Pen serait un produit de la Résistance !
Et il décrète, plus péremptoire que jamais : "L'héritage de Mai 68 doit être liquidé une bonne fois pour toute."
Les "Beaux Arts" sortiront plus de 600 000 exemplaires de 350 affiches différentes
Revenir sur les accords de Grenelle ?
C'est vrai que tous les acquis sociaux sont pour lui bons à supprimer.
En finir avec la libération des mœurs ?
Je sais que les conseillers ne sont pas les payeurs, mais si j'ai bien suivi, il aurait alors lui-même quelques difficultés...
Remettre en place l'ORTF et le contrôle de l'information ?
Alors là, je ne doute pas de sa volonté de mettre au pas les médias.
En finir avec la Culture émancipée ?
C'est sûr qu'avec Rika Zaraï, Doc Gynéco et Johnny, on ne court aucun risque...
Le plus surprenant est ailleurs. Il est lui-même incapable de définir clairement ce qu'il reproche à Mai 68. En fait, M. Sarkozy cherche un bouc émissaire. Et c'est là le phénomène angoissant. Il reste en fait tétanisé à l'idée de définir les maux réels de notre société et, à ce titre, ne sera pas le mieux placé pour trouver les bons remèdes. Et il risque d'exposer notre pays aux mêmes blocages qu'en Mai 68, avec à l'origine des incompréhensions comparables entre générations, une incapacité à répondre aux attentes d'évolution de la société et avec le risque des mêmes réactions.
Commentaires