Voilà l'intervention que j'ai prononcée lundi, au Conseil de Paris, à l'occasion du débat organisé sur le développement économique, l'innovation, la recherche et l'enseignement supérieur.
Chers Collègues,
Il est tout de même paradoxal de devoir mener ce débat sur les orientations budgétaires alors même que notre budget actuel est tronqué.
Tronqué d’une somme équivalente à ce que nous consacrons annuellement pour l’ensemble des actions politiques de la Ville,
Ou encore tronqué d’une enveloppe correspondant à l’ensemble des allocations particulières au CASVP,
150 Millions d’euros, 1 Milliard de francs, excusez du peu !
Alors, j’écoute mes collègues de l’opposition, au fil des réunions de la 1ère commission, à chaque débat budgétaire depuis 3 ans.
Ils réfutent l’idée qu’il puisse s’agir d’un simple larcin, d’une basse rapine.
Simple impécuniosité temporaire, dites-vous
Je souhaite donc vous prendre au mot et vous proposer une démarche
Afin que l’Etat rende les 75 euros par Parisien, bien plus encore par foyer fiscal.
Je vous propose donc qu’un courrier un peu solennel puisse être adressé au Premier Ministre et qu’il soit co-signé par l’ensemble des présidents de groupe du Conseil de Paris.
Si Paris vaut bien une messe, un courrier vaut bien le remboursement de 75 euros à chaque Parisien.
Je vous avoue toutefois que je ne suis pas sûr de l’écho que nous obtiendrons.
Je vous avoue aussi que, même si cette démarche aboutissait, cela ne changerait pas tout. :
Ni les engagements non tenus, comme pour les couvertures du périphérique,
Ni les désengagements divers et malheureusement très variés, du logement à la politique de la Ville, en passant par les réhabilitations des centres d’accueil des sans domicile ou encore des conséquences de la suppression des emplois jeunes,
Ni les inquiétudes sur l’avenir.
Et comme nous parlons aujourd’hui des orientations budgétaires, il convient de signaler devant notre auguste assemblée que les associations d’élus, au-delà de leurs sensibilités respectives, sont quasi toutes montées au créneau pour dénoncer le projet de budget 2006 présenté par le Gouvernement.
Selon l’Association des régions de France, les mesures du Gouvernement, je cite, « programment l’asphyxie financière des collectivités locales ».
Le plafonnement de la taxe professionnelle ne peut que nourrir les pires inquiétudes.
L’Assemblée des communautés de France souligne que « c’est la moitié du pouvoir fiscal que l’on va supprimer d’un coup ».
Les maires des villes moyennes (la FMVM) et ceux des petites villes de France (APVF) expriment eux aussi leurs plus vives préoccupations.
Et bien entendu, ce sont les présidents des conseils généraux qui demeurent les plus inquiets face à l’avenir :
D’un côté leurs charges progressent sans cesse ; il est d’ores et déjà prévu qu’elles devraient augmenter de 1,5 milliards d’euros.
D’un côté le nombre des rmistes explose avec les restrictions d’accès aux indemnisations du chômage
Et d’un autre côté, avec le fameux bouclier fiscal, on nous incite à « exclure les riches de nos communes », comme le fait remarquer ironiquement Charles de Courson, député UDF.
C’est le paradoxe du budget que nous élaborons.
Nous savons combien l’Etat doit à notre collectivité : 150 millions d’euros, 75 euros par Parisien,
Nous ne savons pas s’il va nous rembourser, ou pour être optimiste quand il va nous rembourser.
Nous ne savons pas non plus de combien sera précisément amputé notre budget l’année prochaine,
Ni quelles tâches et surtout quelles charges nouvellesil fera peser à l’avenir sur notre collectivité.
Bon sang, que de nuages d’inquiétude et que d’épées de Damoclès s’amoncellent au-dessus de nos têtes !
C’est trop facile et surtout trop immoral de faire payer aux collectivités locales les cadeaux fiscaux faits aux plus riches par le Gouvernement !
Mais cela ne nous empêchera pas de répondre à ce bouclier fiscal, l’arme destinée à permettre aux seuls plus riches d’échapper à l’effort de solidarité,
Par un bouclier social, destiné à protéger els Parisiens les plus faibles.
Et il s’agit, bien entendu, d’éradiquer l’habitat insalubre, mais bien plus largement, Paris est devenue la première collectivité locale française pour les dépenses sociales par habitant.
Ce bouclier social représente plus de quart de notre budget.
Pas plus d’ailleurs que cela nous fera renoncer à remettre Paris debout, à lui redonner sa fierté culturelle, écologique et économique au travers le formidable élan nouveau en matière d’investissements !
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