Décidément, ce gouvernement est incorrigible !
Il nous avait habitués aux coups de force et à l’absence de concertation tout en se gaussant de l’exact inverse. Leur dernière dérive n’est rien de moins qu’ un mini-putsch, un coup bas porté au cœur du mois d’août, alors que la France et les médias sont occupés à faire un break à la faveur de l’été.
De quoi s’agit-il ? Après avoir placé son ancien directeur de cabinet à la tête de la RATP, déjà dans l’optique de contrôler cette entreprise « stratégique » –peut-on le nier ? - M. de Villepin vient tout simplement de publier un décret par lequel il débarque de la manière la plus autoritaire qui soit les deux élus de gauche qui siégeaient au Conseil d’administration pour les remplacer, de fait, par des élus de droite !
Ainsi, curieusement, la Ville de Paris et la région Ile de France, pourtant les premières contributrices au budget de la RATP, et les collectivités les premières concernées, au quotidien, par les choix qui y sont fait en matière de transports en commun, se retrouvent sans aucun mot à dire sur la gestion, les choix stratégiques, les décisions prises au sein de ce qui n’a plus de régie que le nom. Cela n’existe nulle part ailleurs, dans aucune région de France. Et pourtant, on connaît l’importance de la politique conduite en matière de transport en commun et ses conséquences considérables dans la vie quotidienne de millions de parisiens et de franciliens.
Ceux qui auront un peu de mémoire se souviendront que les amis de M. Sarkozy avaient tenté une manœuvre similaire au Syndicat des Transports d’Ile-de-France. Nous savions que Sarkozy et Villepin se détestent, mais nous constatons qu’il partagent bien la même culture de voyous.
Voici le courrier adressé par Bertrand Delanoë au ministre des transports. Il n’y a rien à ajouter…
« Paris, le 23 août
« Monsieur le Ministre,
« Le gouvernement a publié le 11 août dernier un décret qui modifie la composition du Conseil d’administration de la RATP.
Cette réforme aboutit dans les faits, à évincer de cette instance, les deux seuls élus représentant respectivement la Ville de Paris et la Région Ile-de-France. Autrement dit, cette initiative unilatérale, prive délibérément ces deux collectivités, directement concernées par l’activité de la RATP, de tout contrôle sur les orientations stratégiques de l’entreprise.
« Une telle manœuvre est d’autant plus scandaleuse qu’elle prétend s’appliquer dans le cadre de la loi de démocratisation du secteur public (!) et qu’elle intervient quelques mois à peine après la décentralisation effective du STIF. Outre sa dimension malheureusement politicienne, elle remet ainsi en cause l’efficacité même d’un Conseil d’administration qui serait privé de deux acteurs dont l’opinion et la légitimité sont pourtant évidentes.
« Rompre tout lien entre les élus parisiens et franciliens et la RATP, dans le cadre d’un décret paru discrètement dans la torpeur de l’été, traduit un mépris édifiant à l’égard des usagers des transports franciliens et les habitants de nos collectivités.
« Dans ces conditions, je vous demande de veiller à réintégrer dans les meilleurs délais les représentants de la Ville de Paris et de la Région Ile de France au sein du conseil d’administration de la RATP.
« Toute autre décision de votre part confirmerait les motivations réelles de cet acte : dans cette hypothèse - que je refuse de privilégier à ce stade - soyez certain que nos concitoyens, Parisiens et Franciliens, seraient légitimement tenus informés d’une réalité dont je n’entends pas m’accommoder.
« Dans l’espoir d’une issue dominée par le retour au bon sens et au respect de chacun, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes salutations.
Bertrand DELANOË »
Le procédé est scandaleux, tout comme le fond : le gouvernement n'a que le mot de décentralisation à la bouche et lorsqu'il s'agit de vraies questions, il s'arroge arbitrairement le droit de mettre la main sur des structures dans lesquelles il n'a rien à faire ! Une régie locale de transports où ne siègent pas les représentants des collectivités locales pour lesquelles elle existe et qui lui apportent l'essentiel de son financement : ca n'existe nulle par ailleurs en France !
Mais que font les médias ? Il y a des vrais sujets à traiter !
Rédigé par : Naneu | 11 septembre 2006 à 12:16